# De Rabat à Paris, le Maroc ne lâche pas les journalistes **lemonde.fr/projet-pegasus/article/2021/07/18/au-maroc-comme-en-france-des-journalistes-mis-sous-surveillance-avec-** le-logiciel-pegasus_6088654_6088648.html Damien Leloup ----- [Abdeljalil Bounhar / AP Par Damien Leloup](https://www.lemonde.fr/signataires/damien-leloup/) Publié le 18 juillet 2021 à 18h00 - Mis à jour le 06 avril 2022 à 16h18 Réservé à nos abonnés Partage Partage désactivé Envoyer par e-mail Partage désactivé Partage désactivé EnquêteLes numéros de nombreux journalistes marocains ont été sélectionnés comme cibles potentielles dans le logiciel espion Pegasus. Des journalistes français, dont le fondateur de « Mediapart », Edwy Plenel, et une journaliste du « Monde », ont également été espionnés. Depuis la révélation par Amnesty International, en 2020, de l’infection du téléphone du journaliste marocain d’investigation Omar Radi par le logiciel espion Pegasus, les journalistes marocains indépendants se doutaient bien qu’ils pouvaient être ciblés, eux aussi, par le puissant programme de surveillance commercialisé par l’entreprise israélienne NSO Group. Les listes de numéros de téléphone sélectionnés comme des cibles potentielles dans l’outil de NSO par plusieurs de ses clients, que l’organisation Forbidden Stories et Amnesty International ont partagées avec dix-sept rédactions, dont Le Monde, confirment qu’un service de sécurité marocain a utilisé Pegasus pour viser, de manière systématique, des journalistes critiques du pouvoir, et des dirigeants des grandes rédactions du pays. ----- Lire aussi « Projet Pegasus » : révélations sur un système mondial d espionnage de téléphones Le numéro de Taoufik Bouachrine, directeur du journal Akhbar Al-Yaoum, qui purge actuellement une peine de quinze ans de prison pour viol, au terme d’un procès dénoncé comme entièrement politique par ses soutiens, a ainsi été entré comme cible potentielle dans le logiciel espion de NSO, ainsi que celui de sa femme. Les numéros d’au moins cinq des plaignantes dont les témoignages ont été utilisés contre lui durant son procès figurent également parmi les cibles potentielles de Pegasus. Une partie des quinze témoins à charge s’étaient rétractés avant le procès, affirmant avoir été contraintes par la police de produire de faux témoignages. Les numéros d’au moins deux plaignantes se trouvant dans ce cas ont été sélectionnés dans l’outil. Le journaliste d’investigation Omar Radi, devant le tribunal de Casablanca, au Maroc, le 12 mars 2020. YOUSSEF BOUDLAL / REUTERS Au-delà des cas précis d’Omar Radi et de Taoufik Bouachrine, ce sont tous les patrons de médias indépendants, ou presque, qui semblent avoir intéressé les services de renseignement marocains. Parmi leurs cibles potentielles, on trouve ainsi un des fondateurs du _[Desk, Ali Amar, ou celui du site Badil, Hamid El-Mahdaoui, condamné à trois ans de](https://ledesk.ma/qui-sommes-nous/)_ prison en 2018 pour sa « participation » au mouvement social du Rif, sévèrement réprimé. [Lire aussi La grâce à géométrie variable du roi du Maroc envers les contestataires du Rif](https://www.lemonde.fr/afrique/article/2017/07/31/la-grace-a-geometrie-variable-du-roi-du-maroc-envers-les-contestataires-du-rif_5166906_3212.html) ----- Les espions marocains ont également sélectionné pour surveillance potentielle un téléphone [utilisé par Omar Brouksy, ancien correspondant de l’Agence France-Presse et auteur de](https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/07/27/maroc-un-pays-moins-stable-que-stabilise-par-un-systeme-policier_5494029_3232.html) deux livres critiques sur Mohammed VI et les relations franco-marocaines, Mohammed VI. _Derrière les masques (éditions Nouveau Monde, 2014) et La République de Sa Majesté._ _France-Maroc, liaisons dangereuses (éditions Nouveau Monde, 2017), tous deux interdits de_ vente au Maroc. Notifié qu’il avait été une cible potentielle par Le Monde, le journaliste espagnol Ignacio Cembrero (Orient XXI) explique qu’il n’est « malheureusement pas étonné ». Il raconte qu’en juin un journal marocain a publié des informations issues d’une conversation WhatsApp qu’il avait tenue avec deux personnes, et dont il n’avait parlé à personne. **Il vous reste 61% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.** -----